Plan libre
Les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux dans la construction moderne furent largement exploités par les tenants du Modernisme pour promouvoir une architecture débarrassée des afféteries de l’architecture du XIXe siècle. Le béton armé ou l'acier permettaient de se passer de murs de refend, aussi Le Corbusier voyait dans l’utilisation de poteaux porteurs la possibilité de composer des espaces indépendamment des contraintes structurelles :
« Jusqu’ici : murs portants : partant du sous-sol, ils se superposent, constituant le rez-de-chaussée et les étages successifs n’offrent qu’un identique cloisonnement. […] Au cours de constructions successives, nous avons observé qu’une grande économie d’argent était à réaliser en supprimant les murs portants et en les remplaçant par des poteaux localisés utilement fondés perçant la maison de bas en haut. Puis ces poteaux ont quitté les angles des pièces, sont demeurés tranquillement au milieu des pièces.[…] Les escaliers sont devenus des organes libres, etc., etc. Partout, les organes se sont caractérisés, sont devenus libres les uns à l’égard des autres1. »
Le Corbusier ne fait que mettre en mots et en théorie des principes de composition déjà bien installés dans l'avant-garde architecturale. Par exemple dans la maison Schröder (1924) à Utrecht, Gerrit Rietveld préfigure le plan libre de Le Corbusier, mais il n'utilise pas encore des poteaux : il compose l'espace avec quelques murs de refend et des cloisons amovibles.
Avec le plan libre, et l'utilisation systématique de poteaux porteurs, les murs deviennent des cloisons laissant une entière liberté dans la composition des espaces. Elles orientent l’espace mais ne le contiennent pas.
Mies van der Rohe voit dans le plan libre la possibilité de définir subtilement les qualités des espaces. Les cloisons se dématérialisent à tel point qu'il peut jouer