Platon et les sophistes
Pour Platon, les sophistes ne sont pas un simple repoussoir, mais des adversaires sérieux dont les doctrines méritent d'être combattues. Socrate attaque les sophistes qui, par leur relativisme et leur nominalisme, sont les ennemis de l'idéalisme platonicien. Platon ne critique cependant que modérément les « grands » sophistes : les dialogues de Platon mettent en scène des joutes entre des disciples de ceux-ci et Socrate, qui en vient aisément à bout, les déconsidère et les ridiculise9. Les principaux reproches portent sur les points suivants :
• Les sophistes font payer leurs leçons comme d'autres maîtres de technaï (sculpteurs, potiers, etc.), alors que la sagesse (sophia) ne peut être ravalée au rang de technè et que la faire payer, c'est la corrompre. Platon était issu de l'aristocratie, alors que les sophistes étaient issus du peuple et des classes populaires (et souvent étrangers oumétèques dans la Grèce antique).
• Les sophistes sont amoraux, puisque leur enseignement peut servir tout aussi bien à donner des armes à l'injustice, alors qu'ils prétendent donner à leurs élèves une éducation.
• Les sophistes manipulent le langage et préfèrent l'efficacité à la vérité.
Cependant, certaines thèses philosophiques défendues par les sophistes sont prises au sérieux par Platon :
• Thèses épistémologiques : Les sophistes sont considérés comme relativistes par Platon. Protagoras affirme ainsi que« L'homme est la mesure de toute chose ». Cela signifie que la vérité n'est pas quelque chose d'indépendant de l'homme, mais qu'elle dépendra de sa perspective. En allant à peine plus loin, on soutiendra la thèse que rien n'est vrai, et que tout est relatif. Il n'y a pas de doute que la doctrine des Idées est une tentative de sortir du relativisme des sophistes.
• Thèses politiques : Elles ne sont pas séparables des thèses épistémologiques. Si l'homme est la mesure de