Politique

1521 mots 7 pages
La mort de la deuxième gauche
Une manière d’envisager les échecs de la gauche française consiste à revenir sur son histoire récente. Ce genre d’exercice se place souvent sous l’alternative de la trahison et de l’archaïsme : si la gauche a échoué, c’est parce qu’elle a cessé d’être de gauche ou bien, à l’inverse, parce qu’elle n’a jamais rompu avec son surmoi marxiste. La première hypothèse n’explique rien tant que l’on n’a pas dit ce que signifie être «vraiment de gauche». Quant au surmoi marxiste, on peinerait à en déceler la trace dans les documents officiels du Parti socialiste, pour ne rien dire de sa politique effective. Au-delà du «mercato» journalistique, le passage de Jacques Julliard de la rédaction du Nouvel Observateur à celle de Marianne ouvre une nouvelle piste. On y a vu l’acte de repentance d’un des représentants de la «deuxième gauche» qui, à la faveur de la crise, aurait (enfin) perçu les ravages de l’ultralibéralisme. Il est tentant de lire dans les explications de Julliard l’énoncé d’une position morale. La gauche dont nous aurions besoin est une gauche dégrisée à l’égard des vertus du profit. Il est vrai que la compromission des élites de la social-démocratie européenne avec le capitalisme globalisé n’est pas pour rien dans l’affaissement de la gauche. Mais tout ne s’explique pas par le penchant de certains progressistes pour la business class. Le peuple ou la société civile ? Pour comprendre l’impasse actuelle, mieux vaut faire l’histoire politique et intellectuelle de la deuxième gauche. En 1977, au congrès de Nantes du Parti socialiste, Michel Rocard défend «la deuxième gauche, décentralisatrice, régionaliste, héritière de la tradition autogestionnaire, qui prend en compte les démarches participatives des citoyens, en opposition à une première gauche, jacobine, centralisatrice et étatique». A strictement parler, la deuxième gauche n’a jamais exercé le pouvoir en France, il est donc injuste de faire peser sur elle le poids des reniements.

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