politique
Ce dossier contient
1) Un texte intitulé Les chantiers de la lutte contre la pauvreté page 1.
2) Un document de synthèse de C. Marazzi e.a. page 6.
3) Quelques informations complémentaires, page 25.
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Les chantiers de la lutte contre la pauvreté
Jean-Pierre Fragnière
Les pauvres sont aussi silencieux que les choses, et quand au hasard des chemins un foyer les accueille ils y prennent place humblement comme des visages familiers et se confondent aux ombres vagues du décor, et s’effacent dans l’oubli comme des outils abandonnés.
Rainer Maria Rilke
Le livre de la pauvreté et de la mort
Traduction d’Arthur Adamov
Depuis plus de vingt ans, les bonnes consciences sont dérangées par la réémergence de la question de la pauvreté que l’on dit « nouvelle ». Non pas qu’elle ait jamais disparu, mais les esprits formés par une longue période de croissance en étaient venus à croire qu’il ne s’agissait là que de phénomènes résiduels, des « cas » appelés à se faire de plus en plus rares. Les premiers étonnements passés, on a assisté à quelques débats publics, d’autant plus qu’une première recherche effectuée au Tessin confirmait l’existence du problème1. Dans le désordre et souvent un manque de coordination évident — ce sont les charmes du fédéralisme — une dizaine de cantons ont lancé des investigations sur le phénomène. La question posée pourrait être grossièrement résumée de la manière suivante : « Avons-nous des pauvres ? ». C’est d’ailleurs le titre de l’une de ces études repris de la motion parlementaire qui était à l’origine du modeste crédit mis à disposition. Heureux pays qui peut se poser la question en ces termes !
Après cette trop longue période de comptages, et souvent de disputes sur les chiffres, nous sommes évidemment entrés dans une conjoncture où le problème essentiel devient celui de l’offensive généralisée pour vaincre la pauvreté. L’entreprise est herculéenne, mais