Les politiques industrielles aux Maghreb ont connu globalement trois phases : une première phase post-indépendances durant laquelle elles étaient largement tournées vers le marché domestique (substitution aux importations), avec, dans le cas algérien notamment, un modèle de développement industriel qui, sans aller jusqu’à viser l’autarcie, avait l’ambition de rompre avec l’« économie mondiale capitaliste ». Ces politiques s’accompagnaient d’un protectionnisme en matière de commerce extérieur. Les exportations étaient alors largement dominées par des biens primaires (agriculture, produits miniers, hydrocarbures, phosphates..).
Cependant, ces modèles amenèrent une augmentation et une diversification des importations
(inputs industriels et biens induits par le nouveau modèle de consommation urbain ainsi que des classes moyennes en pleine expansion), avec des effets en termes de déséquilibre des balances courantes et le recours à l’endettement.
La crise de la dette et les ajustements structurels dans les années 1980-90 poussèrent ces pays à ouvrir leurs économies (démantèlement des tarifs douaniers, attraction des IDE), ce qui eut des implications sur leur secteur industriel. La Tunisie puis le Maroc ont alors développé une industrie manufacturière orientée non plus seulement vers le marché domestique mais également vers l’exportation, sous la forme en particulier de sous-traitance avec des firmes françaises (ou européennes). L’entrée à l’OMC de la Tunisie et Maroc en 1995 conforte leur orientation vers une stratégie de croissance portée par les exportations. L’Algérie, qui a engagé plus tardivement des réformes visant à libéraliser son économie, n’a pas suivi la même séquence. Les revenus de l’exportation des hydrocarbures, ainsi que l’instabilité politique, mais également le type de modèle de développement adopté dans les années 60-70, expliquent cette trajectoire divergente.
Dans les années 2000, la sortie de ces pays de périodes de