Portrait
Djamileh Zia
La conférence qu’Alice Bombardier [1] a donnée le mardi 17 février 2009 à l’Institut Français de Recherche en Iran (l’IFRI) [2] avait pour thème la comparaison de deux peintures de guerre élaborées à deux époques différentes, dans deux contextes culturels différents : la fresque que Nâsser Palangi a peinte sur l’un des murs de la mosquée de Khorramshahr quelques semaines après la libération de cette ville en 1361 du calendrier iranien (1982), et le tableau qu’Otto Dix avait composé une dizaine d’années après la fin de la Première Guerre mondiale. Alice Bombardier a davantage mis en valeur les ressemblances de ces deux œuvres que leurs différences.
Nâsser Palangi était étudiant à la Faculté des Beaux Arts quand l’Irak attaqua l’Iran et envahit la ville de Khorramshahr, en septembre 1980. Il laissa tomber ses études pour rejoindre le front. Khorramshahr fut libérée près de deux ans plus tard, en mai 1982. Cette victoire eut et garde encore une grande valeur symbolique pour les Iraniens. Au cours de l’été 1982, Nâsser Palangi dessina une fresque en cinq tableaux sur un mur de la mosquée de la ville, à la mémoire de ses amis combattants. La mosquée de Khorramshahr était le lieu de l’état-major et la garnison des résistants dès le début de la guerre.
Les cinq tableaux de cette fresque de Nâsser Palangi ont une structure identique : trois parties superposées, un soldat dessiné en bas du tableau, des moments de la vie du soldat (en compagnie de sa mère ou de ses amis) représentés au-dessus de lui, et un dessin à connotation religieuse (le drapeau vert de l’islam, l’Imam Hossein, Zahrâ – la fille du Prophète -, ou une lumière transcendantale) tout en haut du tableau.
Otto Dix aussi a été un engagé volontaire et a combattu au front. Son tableau, intitulé « La guerre », a une connotation religieuse par sa forme, qui est celle des retables [3] ; mais le contenu du tableau est sécularisé. Les dessins représentent