Postimpressionisme Dossier Gauguin
Nafea Faaipoipo (Quand te maries-tu?) Comme celle de Seurat, la démarche de Gauguin (1848-1903) trouve son origine dans une réaction à l'impressionnisme, en dépit des ses débuts de paysagiste aux côtés de Pissarro. A la recherche d'une expression plus synthétique, découvrant à la Martinique en 1887 la puissance de la couleur, il élabore en Bretagne, lors de son séjour à Pont-Aven en 1888, le style de sa maturité. La Vision après le sermon (1888, National Gallery of Scotland, Edimbourg) en donne l'exemple le plus achevé, associant le cloisonnisme hérité des estampes japonaises au symbolisme de Puvis de Chavannes. En quête de l'être primitif, idéalement soustrait aux altérations de la culture, dont la Bretagne lui a donné le goût, il s'embarque pour Tahiti. Du premier séjour (1891-1893) date cette oeuvre, présentée au retour à l'exposition de Novembre 1893 et montrant comme la plupart des tableaux de cette période, les femmes de l'île. Gauguin aime la grâce un peu lourde de ces silhouettes trapues, dont il accuse ici, par la position repliée, presque animale, de la figure du premier plan, l'allure primitive. Le caractère local, la poésie de l'ailleurs s'affirment avec le nom du tableau- Gauguin tenait beaucoup à ses titres maoris- ou le paréo éclatant de la première figure.
Cet exotisme a toutefois ses limites: la seconde femme est vêtue du modèle de robe occidentale, beaucoup plus sage, que les missionnaires ont imposé à leur arrivée. L'authenticité primitive en effet n'existe plusguère. Pour cette raison, mais aussi parce que l'art est pour lui une "abstraction", Gauguin crée de pièces sa vision tahitienne. Renforçant le caractère idal et intemporel, le souvenir d'oeuvres universelles se marie à l'observation: dans ses bagages, l'artiste a empoté, en photographies et en dessisn, "tout un petit monde de camarades", associant les estampes japonaises aux marbres du Panthéon. On retrouve ainsi dans Nafea Faaipoipo un écho des Femmes d'Alger de Delacroix