Pouvoir révolutionnaire et religion
A l'aube de la Révolution, la vie quotidienne est encore très baignée de sacré et le christianisme se montre de plus en plus exigeant en ce qui concerne le respect de la doctrine, reste que l'Eglise de France va connaitre de profonds boulversements. À ses débuts, la Révolution entend fonder sa politique religieuse sur une tolérance générale , en cantonnant la religion dans le strict privé, reprenant ainsi l'affirmation de la liberté religieuse dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (D.D.H.C) de 1789. Mais, de même qu'elle se déclare anti-monarchique en 1792, après une expérience de monarchie constitutionnelle, elle se déclare anti-catholique en 1793, après une expérience d'Église constitutionnelle en continuité avec les efforts gallicans, avec l'ingérence de l'Etat dans l'organisation structurelle de l'Eglise. La déchristianisation s'impose peu à peu dans la France de cette fin du XVIIIème siècle, en même temps que la Révolution se durcit et se crispe. La Révolution marque donc une rupture sans précédent dans la conception et la structure religieuse en France.
I La naissance du conflit entre l'Eglise et l'Etat: la recherche d'un compromis pour une Eglise nationale ?
1) Les biens nationaux: la dépossession de l'Eglise
Le 2 novembre 1789, les députés français ont voté la nationalisation des biens du clergé. Elle se traduit par le transfert virtuel des titres de propriété à la Nation ainsi que par la suppression de la dîme, un impôt annuel prélevé par le clergé sur le Tiers état. En contrepartie, sur une suggestion de Mirabeau, l'État s'engage à prendre à sa charge l'entretien des ecclésiastiques, les frais du culte et aussi les très lourdes charges sociales et éducatives qui relevaient jusque-là de l'Église. D'une part, les prêtres sont en passe de