Premiére définition du temps
637 mots
3 pages
Poser la question de ce qu’est le temps, cela semble relever à première vue d’enjeux purement théoriques. En quoi cette question se rattache-t-elle à notre existence, à notre activité pratique ? En effet, il est vrai que les auteurs que nous étudierons ont fourni des réponses si subtiles, si « abstraites » qu’il pourrait sembler que le temps est un objet de connaissance comme les autres dont on peut traiter sans se sentir engagé, impliqué dans la réponse même. Mais pourquoi alors le temps a-t-il été un problème fondamental de la pensée philosophique (il serait par exemple aisé de démontrer qu’il a bien plus occupé les philosophes que le problème de l’espace duquel on le rapproche souvent). Ce qu’il faut bien comprendre ici (et qui vaut pour toute réflexion philosophique), c’est qu’une « bonne » abstraction n’est pas ce qui s’oppose au concret mais ce qui donne les moyens d’en rendre compte, de l’expliquer et parfois de le modifier. C’est en ce sens que nous montrerons dans cette introduction l’ancrage de la question du temps dans des questions d’ordre « existentielles ». Tout d’abord, ce que chacun éprouve du temps, c’est son irréversibilité. Ce qui a eu lieu est irrévocable. Il y a déjà bien des choses dont on inverserait l’ordre qu’avec violence mais, en ce qui concerne le temps, cela est tout simplement impossible. De ceci découle la dimension profondément morale du temps. En effet, si l’acte dès qu’il est réalisé, dès qu’il tombe dans le passé (du plus immédiat au plus lointain) ne peut plus être corrigé, alors, le savoir ou le sentiment moral (selon que l’on définisse la moralité comme une science ou un sentiment) est requise afin de ne pas commettre l’irréparable. On comprend également à quel point la volonté est ici décisive. Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins que chacun de nous aura un passé sur lequel il ne pourra rien (du moins sur les faits puisque chacun peut modifier sa relation à son propre passé), passé qui menace de faire naître le regret