Procès
Je vous le demande, depuis quand est-ce un crime d’avoirfaim ? L’argent lui faisait défaut et la situation pressait, qu’auriez-vous fait à sa place ? Ne vous fâchez pas ! Bien sûr que cela ne justifie pas ce vol mais cela l’excuse.De plus, Monsieur Valjean s’apprêtait à dédommager le boulanger. Je suis prêt à mettre en jeu ma tête : Jean Valjean est une personne honnête. Tout son entourage vous leconfirmera : jamais il n’a abusé de personne. Il se trouve que le lendemain, il devait recevoir son salaire et il comptait bien rembourser son emprunt.
Mais pourquoi il n’a pas toutsimplement demandé, pensez-vous. La réponse est très simple : la société est égoïste et dépourvue de compassion. Cet homme affamé se serait heurté à un échec. Une preuve ? Vous lecondamnez à une vie infernale au lieu de l’aider ! Si c’était à vous que Jean Valjean avait demandé un peu de pain. Vous lui auriez ri au nez : un grand gaillard comme lui doittravailler et non mendier pour se nourrir.Mais ce que vous ne pouvez pas savoir, c’est qu’il n’a pas volé ce pain pour subvenir à ses propres besoins. Il a sous sa charge les septenfants de sa sœur. C’est pour eux que Jean Valjean a volé ce pain ! Sept enfants incapables de travailler, sept enfants qui ont faim. Comment les nourrir ? Avec des promesses ?Si c’était vos enfants les auriez-vous abandonnés ?
En condamnant Jean Valjean au bagne vous vous rendaient coupables d’un triple crime : le vol de la seul chose que cet hommepossède, sa liberté, la mort par épuisement de sa sœur et le meurtre délibéré de sept enfants. Car si vous privez cette petite famille de son homme, comment survivra-t-elle ? [à