Prose métrique
1On sait que la notion de prose est définie traditionnellement d’une manière négative1. Une définition comme celle du Dictionnaire françois de Pierre Richelet (1679)
• 2 Richelet ajoute : « Le mot de prose en ce sens n’a point de pluriel ». Le singulier identifie la pr (...)
Ce mot se dit du langage & veut dire tout ce qui n’est pas vers2
2se répète jusqu’à aujourd’hui.
• 3 Pierre Larousse,Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1863.
3Cette définition de la prose, censée relever du pur constat, sans engendrer de jugement a priori, se charge d’une valeur esthétique négative dans l’adjectif prosaïque. Littré, qui définit prosaïser comme le simple procès d’« écrire en prose », définit l’adjectif prosaïque comme ce « qui tient trop de la prose ». Pierre Larousse donne d’abord une définition objective deprosaïque : « Qui tient de la prose, qui appartient à la prose », puis précise : « Ne se dit guère que par dénigrement », et donne les exemples suivants : « Tour prosaïque, Vers prosaïques, Style prosaïque3«.
• 4 Littré relève « stille prosal » chez Christine de Pisan.
4Ces exemples témoignent de la généralisation d’emploi, au XIXe siècle, d’un adjectif que les siècles classiques avaient cantonné au domaine des vers, restreignant par là même l’usage antérieur. Ainsi, Littré cite sans distinction « le style prosaïque » de Ronsard et « la [manière] prosaïque » de Montaigne4, alors que L’Encyclopédie, après avoir défini prosaïque comme ce « qui tient de la prose », précisait qu’il « ne se dit guère que des mauvais vers » ; ce que confirme l’article « Prose » du même ouvrage : « Tout vers prosaïque déplaît dans la poésie ».
1. le vers prosaïque
5Un mauvais vers, pour un versificateur classique, est un vers où les frontières métriques (césure, fin de vers) sont affaiblies,