Préface du livre "si l'on refaisait le monde"
Le monde va mal. Cette affirmation ne devrait ni surprendre, ni étonner. On peut dresser sans problème une liste d’événements présents qui noirciront le tableau de l’humanité, comparés à un âge d’or passé. Mais si l’on veut se faire l’avocat du diable, prétendre le contraire, ne peut-on obtenir une liste d’exemples qui dresseront un portrait flatteur de l’homme, au moins aussi importante que la première ? L’Histoire universelle ne se résume-t-elle point, en définitive, à une succession de rapports de force entre individus, nations, idées, où les notions du bien et du mal ont toujours été des notions mutables ?
On aimerait pouvoir définir le bien et le mal avec suffisamment de précision pour œuvrer à une amélioration de l’humanité entière. Très rapidement cependant, on achoppe sur des intérêts divergents entre individus, communautés ou nations, qui ne donnent pas le même sens aux mots, aux valeurs, à l’Histoire, alors qu’on les voudrait universels. À défaut d’y parvenir par la raison, on emploie la force, l’intimidation, le conditionnement…
L’Histoire devient alors une farce, parfois macabre. Avant que Dieu ait créé l’homme à son image, l’homme s’est arrangé pour que son Dieu lui ressemble, qu’il ait fait de son disciple son élu, avec comme devoir la conversion des autres. Qu’importe si le salut passe par les armes, Dieu reconnaîtra les siens. À défaut de savoir où se trouve le Paradis et à quoi il ressemble, le champ de guerre devient l’Enfer. Au moins aura-t-on une certitude…
L’homme a toujours vécu sa diversité comme une fatalité, voire comme un drame. Les différentes langues et religions ont rarement été interprétées comme une richesse, à ajouter au patrimoine culturel. En revanche, le besoin de dominer l’a souvent rendu fratricide. Ni la religion prônant l’amour de son prochain, ni la morale destinée à lui apporter un équilibre, n’ont réussi à le rendre sage, à le raisonner suffisamment pour qu’il arrête son œuvre d’anéantissement après avoir