Pseudo-denys
Langage et Théologie : Pseudo-Denys l'Aréopagite
pensée de Pseudo-Denys exerça tout au long du Moyen Âge une réelle fascination. Le fait qu’on considère Denys comme un converti de Paul sur l'aréopage, et comme le témoin d'un certain enseignement apostolique secret y contribuait. Mais la cause de sa profonde influence doit se chercher dans la richesse de sa doctrine mystique. Hugues de Saint-Victor, Albert le Grand, ou encore Saint-Bonaventure et Saint Thomas d’Aquin n’ont jamais cessé de faire fond sur son œuvre qui très tôt à été traduite en latin. L'oeuvre de l'Aréopagite représente une des tentatives les plus radicales de réconcilier le message évangélique et la tradition néoplatonicienne. Tentative qui était très séduisante pour une Église encore jeune et qui n’a jamais cessé de croiser tant bien que mal ses dogmes avec la doctrine platonicienne. De plus, malgré les difficultés de son système, le génie de Denys est de rapprocher les démarches non-réfléchies du simple fidèle du mystique: le premier attribue spontanément à Dieu les noms révélés par la Sainte-Écriture, le second, conscient de leur impropriété, en use en les dépassant, mais tous deux doivent finalement reconnaître que le dernier mot de la science de Dieu est le silence et la négation de tout ce qui est. C'est précisément à travers ce constat que se noue la problématique dionysien. L'idée qui obsède notre Pseudo-Denys est de pouvoir fonder une théo-logie au sens strict, c'est-à-dire une science de Dieu, tout en affirmant d'emblée que Dieu est inconnaissable. En quels termes pouvons-nous parler de Dieu ? Nous verrons alors comment le système dionysien ancre définitivement la théologie négative comme unique réponse valide à cette question. Pseudo-Denys apparaît dès lors comme un penseur de l'équivocité qui tisse le lien entre théologie et poésie. I. L'apophatisme : Dieu est ailleurs. a) la démarche du Pseudo-Denys Dans son traité de la Théologie