PSYCHES DECONNECTEES Comment rendre compte, sans se laisser piéger par un lexique biotechnologique abasourdissant, de ce qui est en jeu dans la relation psyché/réseau? Poser cette question est la seule façon, me semble-t-il, de poser justement la problématique de l‘imaginaire collectif aux prises avec la société en réseaux, avec la pratique – en voie d’obligation – de la connexion et des “réseaux sociaux”. Il faut d’abord peut-être rappeler une évidence: la psyché, et l’activité psychique, ne sont pas identiques au cerveau et à l’activité cérébrale (électro-neuronale, connective et cognitive) - quoi qu’en prétende, comme s’il s’agissait déjà d’une preuve acquise, l’ambition déraisonnée des “sciences cognitives”. La relation psyché/réseau ne peut donc pas être rapportée aux “modélisations” (connexionnistes ou cognitivistes) cerveau/réseau. En outre, dans ces dernières, rabattre l’un sur l’autre réseau neuro-cérébral et réseau cyber-technologique (le bio et le techno comme analogues/rivaux) semble une tentation constante du discours, piégé par la force automate, autologique, du langage prisonnier d’un lexique ultra spécialisé. Les résistances (d’ordre psychique) que cette tentation produit brouillent en permanence la cohérence des analyses. J’entends “cohérence” comme ce qui doit répondre au plaisir que la psyché doit trouver dans la représentation qui lui est ainsi proposée d’elle-même, autrement dit du sens. Or, “le sens pour la psyché est identique à l’indivision de sa totalité initiale” (Castoriadis, Figures du Pensable, p.190). Autrement dit, le sens est identique à l’indivision monadique originelle et donc “ toujours en menace d’être clôturé” (ibid.). La psyché (si on prend en compte le caractère “d’indivision de la totalité” que présente la monade qu’elle est à la naissance, puis que constitue pour elle l’exigence vitale de sens ensuite) peut alors être considérée comme la figure qui s’oppose précisément à celle du réseau (dans le but de le subsumer en une