Qu'est ce qu'être moderne ?
Nous sommes modernes, nous nous vivons comme modernes. Nous croyons en la liberté, en l’individualisme, en un individu autonome, indépendant, doté de raison, mais aussi en un individu divisé, qui doute. Nous croyons en l’autorité de la science, en la différence entre les faits et les valeurs, nous avons la conscience d’être historiques, nous croyons au temps qui passe plutôt qu’à l’éternel retour cyclique. Nous séparons les choses : l’individu et la communauté politique, la vie privée et la vie publique, la religion et l’État, les représentants et les représentés, mais nous réunissons également les diversités. Pour finir, nous réfléchissons aux problèmes de notre temps. Voici les traits de la modernité.
Toutefois, il existe différentes façons d’être moderne, différentes conceptions de la modernité.
Il va donc s’agir de s’interroger sur la valeur du dénominateur commun de ces différentes manières d’être moderne c’est-à-dire l’opposition aux Anciens. Comment cette opposition se caractérise-t-elle ? Et en quoi nous permet-elle de donner une définition - plurielle - du moderne ?
I- Être moderne, c’est prôner l’émancipation d’un individu libre, autonome et jouissant de droits, ce qui implique une réorganisation du politique par rapport au système des Anciens
A- « Être moderne » signifiant, de prime abord, « ne pas être ancien », cette formule a progressivement impliqué une croyance dans l’émancipation et l’autonomie de l’individu
1er) De prime abord, être moderne signifie ne « pas être ancien »
Le vrai moderne se veut en rupture avec ce qui précède : tout retour aux Anciens est impensable. Dès lors, on peut distinguer trois approches différentes caractérisant l’opposition entre les Anciens et les Modernes :
1re opposition : selon Leo Strauss, les Anciens se situent dans la Nature alors que les Modernes ont la conscience d’être historiques : ils se situent dans l’histoire. Machiavel inaugure cette pensée historiciste