L'évidence est le caractère d'une idée claire et distincte et qui entraîne naturellement l'affirmation. « Se rendre à » fait d'ailleurs penser à un abandon, à une abdication. Dans l'opinion commune se rendre à l'évidence c'est donc accepter une apparence, une idée qui s'impose empiriquement à l'esprit sans raisonner d'avantage. L'Homme accepterait donc aisément les idées d'autrui sans essayer de les démontrer. Mais certains résultats paraissent évidents après démonstration. "Se rendre à l'évidence", serait-ce alors en quelque sorte une démission de l'esprit qui se soumet à une apparence, un préjugé qu'il considère comme juste ? Se rendre à l'évidence, est-ce accepter ce qu'on considère être une vérité sans tenter de la vérifier ? Est-ce l'arrêt du travail de la raison ? Se rendre à l'évidence exclut-il inévitablement le raisonnement préalable ? Toutes ces questions nous mènent la problématique suivante : se rendre à l'évidence, est-ce forcément une démission de la raison ? Dans une première partie, nous verrons que se rendre à l'évidence est une démission de la raison, car on a admis une apparence, une idée reçue ou un préjugé comme certitude. Puis, en nous appuyant sur les faiblesses de cette thèse, nous expliquerons que se rendre à l'évidence n'est pas forcément synonyme d'abdication de la raison : la vérité s'impose parfois comme quelque chose de naturel, et c'est la raison qui "fait le travail de discernement entre le vrai et le faux". Enfin, en nous fondant sur les insuffisances de cette seconde partie, nous montrerons que se rendre à l'évidence peut aussi supposer l'utilisation préalable de la raison pour montrer quelque chose qui apparaîtra ensuite comme une évidence.

Tout d'abord, nous parlerons de la définition la plus commune de l'évidence : l'évidence est un préjugé, une idée que quelqu'un d'autre nous fait accepter. Se rendre à l'évidence, c'est donc accepter cette idée sans prendre la peine d'essayer de la démontrer.
Étymologiquement, évidence