qu'est ce que le moi ?
I – Présentation du texte et de ses difficultés
Ce texte de Pascal est introduit par une question simple : « Qu’est-ce que le moi ? », question qui précède deux paragraphes dans lesquels on peut distinguer deux parties et une conclusion. La première partie est composée d’une série de trois questions-réponses, qui semblent vouloir séparer l’idée du moi de ce qui n’est pas elle, c’est-à-dire l’ensemble des qualités, même des qualités « morales ». La deuxième partie est elle aussi constituée d’une série de questions : l’auteur semble indiquer que le moi est inconnaissable, inaccessible (« Où est donc ce moi… ? »), et que l’illusion qu’il soit possible d’aimer quelqu’un pour son « moi » doive céder la place à ce constat un peu amer : « On n’aime jamais personne, mais seulement des qualités ». La conclusion, paradoxale, est en forme de morale : ne méprisons pas ceux qui courent après les honneurs, car s’il y a quelque chose de non superficiel, il est probablement inaccessible, et nous ne nous attachons jamais à la « substance de l’âme », mais uniquement à des « qualités empruntées ».
On peut remarquer que cette structure linéaire se double d’une structure thématique : à la question de la nature du moi se superpose la question : qu’aime-t-on quand on aime ? La première semble ne recevoir aucune réponse satisfaisante (ce qui est sans doute un type de réponse) ; la seconde aboutit à la conclusion pessimiste en apparence : « on n’aime jamais personne… », et justifie la conclusion (« Qu’on ne se moque donc plus… car on n’aime personne que pour des qualités empruntées »). Ces deux questionnements sont évidemment ici solidaires. Le lien entre les deux questions est donc sans doute un des enjeux d’une interprétation de ce texte.
Si nous rentrons dans le détail de ce texte, un certain nombre de difficultés se surajoute à l’aspect déjà obscur du passage.
Pascal entend-il répondre ici à sa question initiale ? Ce qu’est le moi, il