Quel était le public de Molière ?
Le public de Molière est composite du point de vue sociologique, il comporte la bourgeoisie marchande
(le parterre), l’aristocratie (premières loges), souvent les représentants de la grande aristocratie (sur scène) voire le Roi. Depuis les années 1640, le public du théâtre s’est enrichi de la présence des « dames du monde » et de leurs « cavaliers », fréquentant les salons, y développant le bon goût et l’art de la conversation. C’est cette dernière catégorie qui fait évoluer le goût et conditionne le succès des pièces.
Molière va écrire en fonction des attentes de ce nouveau public, mais surtout il va mettre sur scène les « valeurs » de cette partie du public. Son théâtre sera toujours l’écho des débats et des thèmes qui animent les conversations des salons.
"Ces valeurs sont celles de la « civilisation mondaine » qui prit son essor durant le règne de Louis XlII et la régence d’Anne d’Autriche dans un certain nombre de demeures aristocratiques de Paris où l’on cherchait, loin de la Cour, de sa solennité, de sa presse et de ses mœurs encore rudes, à se rapprocher de cet idéal des relations policées dont Athènes, Rome et les principautés italiennes de la Renaissance constituaient les modèles. /…/ Aux yeux des hôtesses et de leurs invités choisis - dames élégantes, aristocrates cultivés, bourgeois raffinés et hommes de lettres dépourvus de cuistrerie -, les vertus cardinales étaient celles qui favorisaient le « commerce » des « honnêtes gens » : la complaisance, forme supérieure de politesse fondée sur le souci de plaire à tous (Alceste la couvrira de ses récriminations dès l’orée du Misanthrope) ; la modération d’efprit, qui amène à « ne se piquer de rien » et à ne pas vouloir imposer son point de vue ; le naturel, entendu comme une liberté d’allure et de langage propre à faciliter les rapports humains ; l’enjouement, forme d’humour délicatement railleur qui permet de prendre ses distances par rapport à soi et à