Quelles qualités humanistes grandgousier révèle-t-il dans la lettre à son fils au chapitre xxix de gargantua ?
La forme épistolaire et le contenu même de cette lettre manifeste les qualités déjà humanistes d’un roi qui, bien que médiéval par certains aspects qui ne sont pas remis en cause par l’auteur, tend à devenir le roi idéal de la Renaissance. En effet, Grandgousier y expose des conceptions nouvelles sur les manières de considérer la guerre et la façon de la mener mais aussi sur la considération qu’il faut avoir pour l’humanité, quel que soit son âge ou son comportement.
Pendant tout le Moyen Âge, la lettre ou epistula, l’épître se substitue au discours oratoire de l’enseignement rhétorique de l’Antiquité. Or, pour Érasme, la lettre et le discours sont deux choses très différentes et, dans le De conscribendis epistolis qu’il publie en 1522, il s’oppose à l’Ars dictaminis qui fixait auparavant les règles de la lettre divisée en cinq parties (salutatio, exordium, narratio, petitio, conclusio) comme l’était l’oratio antique. La lettre médiévale est révélatrice de la personnalité du destinataire plus que de l’expéditeur : le plus souvent, l’épistolier est un dictator, un secrétaire auquel on dicte une lettre qui doit répondre à des critères de forme et de contenu qui sont l’expression de la condition sociale des correspondants. Loin d’être un document familier, elle est une image protocolaire et officielle d’une relation entre deux personnes qui appartiennent à la même classe sociale, en général.
Dans son traité, Érasme, après Pétrarque, se réapproprie le genre familier et spontané de l’épître, à l’image de ce qu’elle était chez Cicéron ou Sénèque