L’identité est ce qui détermine une personne et ce qui permet de la différencier d’une autre. Constamment en développement, elle est le cumul d’expériences de vie et d’épreuves qu’un être est amené à confronter depuis son premier souffle. Les auteurs Wajdi Mouawd et Kim Thuy ont très bien relevé le défi de transmettre au lecteur cette notion que l’identité d’un individu, en lui-même est en rapport au monde extérieur et les épreuves qu’il traverse. Mouawad, à travers sa pièce de théâtre Incendies publiée en 2003 et Thuy avec son autofiction Ru, ont tous les deux illustré cette quête identitaire qui voit les protagonistes en constante évolution au fil des événements auxquels ils font face. Dans ces histoires, les protagonistes sont en constante dualité entre deux identités et font preuve de résilience vis-à-vis de leur passé.
Pour débuter, les protagonistes des œuvres, Jeanne et Simon chez Mouawad et Thuy elle-même dans Ru, voient leurs existences plongées dans une constante dualité entre deux identités. Dans Incendies, Jeanne et Simon sont informés de l’existence d’un frère caché et d’un père inconnu. Par cette découverte de la vérité, ils font face malgré eux à la découverte d’une deuxième et nouvelle identité dont ils ne connaissaient pas l’entité.
« JEANNE : En mathématiques, 1 + 1 ne font pas 1,9 ou 2,2. Ils font 2. Que vous y croyiez ou pas, ils font 2. Que vous soyez de bonne humeur ou très malheureux, 1 et 1 font 2. Nous appartenons tous à un polygone, monsieur Lebel. Je croyais connaître ma place à l’intérieur du polygone auquel j’appartiens. Je croyais être ce point qui ne voit que son frère Simon et sa mère Nawal. Aujourd’hui, j’apprends qu’il est possible que du point de vue que j’occupe, je puisse voir aussi mon père ; j’apprends aussi qu’il existe un autre membre à ce polygone, un autre frère. Le graphe de visibilité que j’ai toujours tracé est faux. Quelle est ma place dans le polygone ? Pour trouver, il me faut résoudre une conjecture. Mon père