Qu’est-ce qu’un peuple ?
La question posée est une question de définition. Elle appelle cependant précaution et vigilance, car définir « un peuple » n’est pas la même chose que définir un objet normal. La définition d’un peuple peut avoir un effet sur la réalité, avoir une dimension auto-réalisatrice ; dans l’histoire, elle a pu mener à des catastrophes. Souvent, définir ce qu’est un peuple est un enjeu de pouvoir.
Pour différentes raisons, la notion de « peuple » est problématique. Plusieurs mots désignent des réalités proches, et le mot « peuple » est polysémique. La notion de peuple est en effet différente de la notion de « population », concept démographique qui inclut les étrangers qui ne sont pas considérés comme faisant partie du peuple, ainsi que les femmes, les mineurs, les exclus qui ne font pas nécessairement partie du peuple pris dans son sens politique. Par ailleurs la population ne peut se définir que par rapport à un territoire défini, ce qui n’est pas le cas du peuple. La notion de peuple est également différente de la « nation », qui a un sens plus juridique et politique : elle serait une collectivité, un ensemble des détenteurs de la nationalité qui donne des droits et des devoirs spécifiques, qui sont la source de la souveraineté politique (en Ancien Régime, la nation est représentée par la monarchie ; après la Révolution la nation est représentée par le peuple souverain, comme l’a illustré pour la première fois la fête de la Nation en 1790 et comme l’affirme l’article 3 de la Constitution de 1958). Le peuple est différent de la patrie, qui a une dimension historique, héroïque, sentimentale et géographique. Il n’existe cependant pas de définition consensuelle de tous ces mots dont les périmètres se recoupent, et les auteurs entretiennent parfois la confusion en les utilisant indifféremment dans des sens identiques ou extrêmement proches.
Le mot « peuple » a lui-même plusieurs définitions « officielles ». Selon le dictionnaire Le Robert le