Rachid
Il existe plusieurs points de vue concernant cette période.
Selon le point de vue libéral[7], ce n'est pas le relatif dirigisme qui explique la croissance économique des « Trente Glorieuses », qui a été principalement « mécanique », le dirigisme sachant seulement bien l'orchestrer. Au contraire, ce dirigisme a « métamorphosé en malédiction » la croissance, en raison de deux effets pervers majeurs : la fonctionnarisation et le manque de concurrence, déjà présents avant 1940, et la persistance des préjugés contre l'économie de marché, dont les nationalisations de 1981 seraient une résurgence : l’émergence de l’antilibéralisme français aurait une partie de ses origines dans ce phénomène. Ce point de vue affirme qu'après leur retour à un état d’équilibre, les pays à économie sociale de marché caractérisés par un État-providence très présent, ont marqué le pas vis-à-vis des économies plus libérales[8].
Selon le point de vue qualifié par les sociologues de «social-démocrate ou de social-libéral» (qui postule que le marché est certes un moteur de la croissance, mais aussi un dé régulateur économique et social, et qu'à ce titre, il doit être encadré par des politiques de redistribution partielle)[9], ce sont les politiques de redistribution, à commencer par le plan Marshall, et les sacrifices consentis par tous les partenaires sociaux, qui expliquent la croissance des « Trente Glorieuses » et l'avance des pays concernés par rapport aux économies non réglementées comme celles d'Amérique latine, d'Asie du Sud-est ou des États-Unis après 1980, et surtout par rapport aux économies planifiées des pays communistes.
Selon le point de vue qualifié par les sociologues de «socialiste» (qui postule que le marché est un facteur de prédation économique et d'oppression sociale, et qu'à ce titre, il doit être remplacé par une économie planifiée et la