Receuil jean de sponde
Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge,Si soudain dans la mort estouffera sa part,Et sera ce beau Nom, qui tant partout s'espard,Borné de vanité, couronné de mensonge.
A quoy ceste Âme, helas ! et ce corps desunis ?Du commerce du monde hors du monde bannis ?A quoy ces nœuds si beaux que le Trespas deslie ?
Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy :Ce n'en est pas pourtant le sentier racourcy,Mais quoy ? nous n'avons plus ny d'Henoc, ny d'Elie.
Jean de SpondeTout s'enfle contre moy, tout m'assaut, tout me tente,Et le Monde et la Chair, et l'Ange revolté,Dont l'onde, dont l'effort, dont le charme inventéEt m'abisme, Seigneur, et m'esbranle, et m'enchante.
Quelle nef, quel appuy, quelle oreille dormante,Sans peril, sans tomber, et sans estre enchanté,Me donras tu? Ton Temple où vit la Sainteté,Ton invincible main, et ta voix si constante ?
Et quoy ? mon Dieu, je sens combattre maintesfoisEncor avec ton Temple, et ta main, et ta voix,Cest Ange revolté, ceste Chair, et ce Monde.
Mais ton Temple pourtant, ta main, ta voix seraLa nef, l'appuy, l'oreille, où ce charme perdra,Où mourra cest effort, où se perdra ceste onde.
Marc-Antoine Girard de Saint-AmantAssis sur un fagot, une pipe à la main,Tristement accoudé contre une cheminée,Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,Essaie à gagner du temps sur ma peine obstinée,Et me venant promettre une autre destinéeMe fait monter plus haut qu’un empereur romain.
Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,Qu’en mon premier état il me convient descendre,Et passer mes ennuis à redire souvent:
Non, je ne trouve point beaucoup de différenceDe prendre du tabac à vivre d’espérance,Car l’un n’est que fumée, et