Arlequin esprit critique

Arlequin occupe dans la commedia dell’arte un rôle de zanni, c’est-à-dire de valet bouffon et comique. Il se caractérise par sa niaiserie et sa balourdise, par son attachement constant aux plaisirs du corps et à leur satisfaction immédiate : goût prononcé pour la nourri­ture et la boisson, pour le sommeil et l’amour. Cette animalité du personnage se retrouve, à des degrés divers, dans toutes les pièces de Marivaux où il apparaît. Par sa naïveté, son insouciance, sa bêtise, il s’oppose à l’autre type de valet, plus fourbe et calculateur, que pouvaient incarner Brighella, Mezzetin, ou Trivelin.

Ide Le personnage d’Arlequin constitue une des clés qui font du théâtre de Marivaux un théâtre politique, au sens large. Marivaux retient toutes les caractéristiques qui définissent le personnage de la commedia dell’arte, mais, d’une pièce à l’autre, il va les infléchir dans des sens différents. Il prolonge, de manière générale la transformation du personnage amorcée par l’ancien Théâtre Italien : si, dans la grande majorité des pièces où il apparaît, Arlequin conserve sa naïveté et son souci des plaisirs élémentaires, s’il est toujours la source d’un comique bouffon, il n’est plus aussi sot, tient volontiers des propos satiriques, et Sait porter sur le monde qui l’entoure un regard critique. Dans Le Jeu de l’amour et du hasard, l’intrigue amoureuse va ainsi permettre à Arlequin de critiquer violemment la condition de valet et la domination humiliante exercée par les maîtres.

A) Arlequin dans Le Jeu de l'amour et du hasard
Etant un personnage typique de la Commedia dell'arte, Arlequin représente le mieux la comédie italienne ( bien que tous les personnages de la pièce aient des prénoms italiens).

Du personnage traditionnel, il a conservé le goût de la boisson: I, 10 : " Oh! Je n'ai jamais refusé de trinquer"; " Le gaillard est gourmet, il boira du meilleur." Il a aussi le goût des soubrettes et conserve le côté animalesque d'après