recueil
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Accepter la différence
Roger Garaudy
L'amour commence lorsque l'on préfère l'autre à soi-même, lorsqu'on accepte sa différence et sa liberté.
Accepter que l'autre soit habité par d'autres présences que la nôtre, n'avoir pas la prétention de répondre à tous ses besoins, à toutes ses attentes, ce n'est pas se résigner à l'infidélité à notre égard, c'est vouloir, comme la plus haute preuve d'amour, que l'autre soit d'abord fidèle à lui-même.
Même si cela est souffrance pour nous, c'est une souffrance féconde parce qu'elle nous oblige à nous déprendre de nous-mêmes, à vivre intensément cette dépossession enrichissante : dans la plus amoureuse étreinte, c'est un être libre que nous étreignons, avec tous ses possibles, même ceux qui nous échappent.
Cela m'étonne toujours, dit Dieu
Péguy
Cela m’étonne toujours, dit Dieu d'entendre les gens dire: “Nous sommes mariés !...”
Comme si on se mariait un jour ! Laissez-moi rire. Comme si on se mariait une fois pour toutes. Ils croient que c'est arrivé, et qu'ils peuvent vivre, vivre de leurs rentes d'amour de gens mariés. Comme si on se mariait un jour. Comme s'il suffisait de se donner une fois, une fois pour toutes. Comme si Moi-même j'avais fait le monde en un jour;
Comme s'il ne fallait pas, à tout prix, pour un bon sens enfin, se marier tous les jours que je fais.
Les hommes ne doutent de rien ! Deux moitiés ont tant à marier ! Quand on a été vingt ans seul, jeune homme seul, jeune fille seule, si différents, de souches étrangères l'une et l'autre depuis des générations d'antan.
Que de choses à donner et à recevoir. Que de choses à recevoir et à donner, mes enfants !
Aujourd'hui plus qu'hier
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants,
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Et comme chaque jour je t'aime davantage