Reflexion sur le concept d'hygiene
Le Scaphandre et le Papillon est un ouvrage autobiographique. J D Baudy raconte sa vie avant son attaque cérébrale et son expérience du locked-in syndrome qui l'a enfermé dans un corps ne répondant plus à son esprit, d'où la métaphore du titre. Il a écrit son livre en dictant chaque lettre par le seul moyen de communication qui lui restait : le clignement de son œil gauche. En mai 2007 une adaptation au cinéma est sortie en salles.
Extraits de « Le scaphandre et le papillon » Jean Dominique BAUDY
L’intimité du corps……..page 22
« Lors du massage facial, Brigitte parcourt tout mon visage, la zone stérile qui me semble avoir la consistance d’un parchemin et la partie innervée où je peux encore froncer un sourcil. La ligne de démarcation passant par ma bouche, je n’esquisse que des demis sourires, ce qui correspond assez aux fluctuations de mon humeur. Ainsi un épisode domestique comme la toilette peut m’inspirer des sentiments variés.
Un jour je trouve cocasse, d’être, à quarante ans, nettoyé, retourné, torché et langé comme un nourrisson. En pleine régression infantile, j’y prends même un troublant plaisir. Le lendemain tout cela me semble le comble du pathétique, et une larme roule dans la mousse à raser qu’un aide-soignant étale sur mes joues.
Quant au bain hebdomadaire, il me plonge à la fois dans la détresse et la félicité. Au délicieux instant où j’immerge dans la baignoire succède vite la nostalgie des grands barbotages qui étaient le luxe de ma première vie. Muni d’une tasse de thé ou d’un whisky, d’un bon livre ou d’une pile de journaux, le marinais longuement en manoeuvrant les robinets avec les doigts de pieds.
Il y a peu de moments où je ressens aussi cruellement ma condition à l’évocation de ces plaisirs.
Heureusement je n’ai pas le temps de m’appesantir.
Déjà on me ramène tout grelottant vers ma chambre sur un lève-malade confortable comme une planche de fakir. Il faut être habillé de pied en cap pour 10h30, prêt à