Relations du sujet body art avec son propre corps
Valérie VERNEUIL – Psychologue clinicienne –
« Je suis ce que je parais et je ne parais pas ce que je suis. Je suis pour moi-même une énigme inexplicable ! Je suis en lutte avec mon moi ! »
Médard, « Les élixirs du diable »[1].
Expérimentation cruelle et spectaculaire du corps dans le body-art.
Brutalisés par eux-mêmes, les artistes du body art répètent sans cesse les figures de la castration, de l’auto-mutilation, de l’identité sexuelle, de la disparition du jeu social… Tout un jeu de symbolisation est mis en place afin de libérer les pulsions (autodestructrices, sexuelles, masochistes, agressives…) et, finalement, pour changer le monde après avoir préconisé sa contribution. Changer le monde, au péril de sa vie tel est ce que font les artistes du body art. Mais en ont-ils conscience ? Torturés par une panoplie d’instruments tranchants, coupants, ces artistes nous font penser aux figures des martyrs qui, malheureusement ne suppriment le danger. Lors des performances, le corps malmené nous apparaît en souffrance. Souffrance réelle ou imaginaire ? Si nous formulons l’hypothèse d’une souffrance, cela signifierait que l’artiste gérerait cette dernière devant son public par un contrôle, une toute puissance sur ce corps, son corps. Mais quelles sont les limites à cette toute puissance ?
Dans cette pratique, il ne semble plus y avoir de limite. Limites abolies en affichant un masochiste certain de part un corps mutilé, transformé, décomposé et recomposé à l’extrême. « La jouissance du masochiste atteint le degré maximum d’horreur quand le châtiment corporel appliqué à la surface de la peau (fessée, flagellation, piqûres) est poussé au point où des morceaux de peau sont déchirés, troués, arraché »[2].
Puis, en plus d’être souillé, le