Religion et Superstition
Selon l’épicurien Lucrèce, «la religion naît de la peur et de l’ignorance». Les Dieux permettant ainsi d’expliquer ce que les hommes ne comprennent pas et de les protéger contre des causes inconnues. Or la superstition dans sa définition même, est elle aussi considérée comme un sentiment de vénération fondé sur la crainte et l’ignorance. Si la religion est inventée par l’homme pour se protéger du mal et de la finitude de son existence, la superstition peu alors apparaître comme le socle de toute croyance religieuse et susceptible de répondre aux désirs des hommes. En effet, religion et superstition reposent sur la croyance en des entités supranaturelles, ce que le Baron D’Holbach a mis en évidence dans La Contagion Sacrée. Toutefois, ce point de vue est celui des athées qui ne croient en l’existence d’aucune divinité. Il apparait donc essentiel à cette étape de notre raisonnement, d’étudier les différentes interprétations des relations existant entre la religion et la superstition, et les ambiguïtés qu’elles dissimulent. Cependant, si nous considérons que la superstition est un phénomène à la fois intrinsèque et déviant de la religion, peut-on alors seulement envisager de supprimer la superstition qui fait partie de l’homme au même titre que la religion?
Francis Bacon a résumé les relations entre religion et superstition ainsi; «la superstition est à la religion ce que le singe est à l’homme». Il analyse ainsi la superstition comme une religion imparfaite, inachevée et donc perfectible, mais qui néanmoins assure le fondement de ce système de croyances institutionnalisées qu’est la religion. Parallèlement au singe qui est une simple ébauche première de l’homme, mais aussi une caricature inférieure à lui. Par delà cette affirmation, F. Bacon porte une jugement de valeur sur la superstition, qu’il présente comme inférieure à la religion,