Religion philo
La religion
( Religion, religiosité, croyance )
1 Religion et philosophie
( a ) sens du mot « religion »
Une définition paraît bien difficile. Ce n’est pas la croyance en un dieu, par exemple le bouddhisme, alors s’agit-il d’un rite collectif unissant des croyances et des pratiques ? Au-delà de l’aspect sociologique, nous sommes en présence d’une affirmation duale : sacré-profane, affirmation qui procède d’autres voies que le seul savoir rationnel. Par exemple la foi, l’expérience mystique, l’extase, l’accès direct – sans médiation - à Dieu. C’est l’institution d’une transcendance : ce qui est au-delà de l’expérience sensible, une sorte d’acte ou d’engagement gratuit.
L’étymologie peut fournir des indications mais est incertaine, certains auteurs chrétiens se plaisent à expliquer le latin religio ( lien, liaison ) par les verbes ligare et religare qui veulent dire lier, relier ; il s’agirait alors du lien de piété entre les hommes et la divinité mais pris non au sens physique de rattachement mais au sens affectif d’attachement, de lien affectif.
Une autre origine est plus probable, appuyée par l’autorité de Cicéron (106-43) : religio viendrait de legere cueillir, ramasser ou de religere recueillir, rassembler, recollecter, réunir - cela pourrait vouloir dire revenir sur ce qu’on a fait, ressaisir par la pensée ou la réflexion, redoubler d’attention ou d’application - donc la religion désignerait à l’origine et étymologiquement le scrupule, le soin méticuleux, la ferveur inquiète (religiosité de l’esprit qui ne se retrouve pas seulement dans le fait religieux) ; dans ce sens, le mot convient bien à l’exercice du culte, à l’observance des rites.
Le mot s’est fixé dans ce sens pour désigner l’expérience et la manipulation du sacré ; il signifiait donc d’abord l’attitude que requiert la religion puis a glissé des dispositions subjectives aux réalités objectives ; les langues occidentales ont appris à spécialiser un vocable pour distinguer des