rené char
Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme!
On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.
René Char est un poète et résistant français né le 14 juin 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue et décédé à Paris le 19 février 1988.
René Émile Char, né en 1907, est le cadet des quatre enfants issus des secondes noces d’Émile Char et de Marie-Thérèse Rouget, sœur de sa première épouse, Julia Rouget, décédée en 1886 un an après leur mariage. Son grand-père paternel, Magne Char, dit Charlemagne, enfant naturel et abandonné, était né en 1826 à Avignon. Son père Joseph Émile Magne Char, qui abrège son nom, administrateur délégué des plâtrières de Vaucluse et maire de L’Isle-sur-la-Sorgue à partir de 1905, meurt le 15 janvier 1918. Bien que les conditions matérielles d’existence de la famille deviennent alors précaires, René Char passe son enfance aux « Névons », la vaste maison familiale dont la construction venait d’être achevée à sa naissance.
Bâti comme un colosse (1,92 m) et impulsif, il joue passionnément au rugby qu’il pratique avec son ami Jean Garcin. Pensionnaire du lycée Mistral d’Avignon puis, en