Représentation du pouvoir au théatre
Dans la tragédie Richard III qu'il écrit en 1592, William Shakespeare (1564-1616) prête à Richard III, le roi bossu, la volonté d'avoir voulu échanger son royaume pour un cheval afin de prendre la fuite, lors de la bataille de Bosworth où il fut tué. C’est dire que, devant le danger de perdre la vie et le pouvoir, un roi comprend enfin où sont ses priorités ! Mais, tant qu’il est en vie et tout puissant, un homme de pouvoir, quelle que soit la nature de son autorité, ne s’en préoccupe pas, ou seulement après en avoir épuisé l’ivresse. Le théâtre est un des moyens frappants de représenter le pouvoir et parfois de manière détournée pour échapper à la censure quand elle est, elle aussi, un pouvoir répressif. Nous nous demanderons comment le théâtre permet une représentation du pouvoir et nous nous interrogerons sur les buts poursuivis. Mais au préalable, il est nécessaire de définir les formes de pouvoir et d’examiner leur validité.
Quand on dit pouvoir, on pense en priorité au pouvoir politique, et nombreuses sont les pièces de théâtre, de l’Antiquité à aujourd’hui, qui mettent en scène des rois, des empereurs ou des dictateurs. Pourtant le pouvoir s’exerce partout ailleurs dans les institutions, comme l’Eglise, l’Armée, l’Ecole, la Justice, l’Entreprise et même la Famille ! Ce pouvoir quand il est accepté par tous, car confié par délégation ou détenu par un individu intègre, est légitime et ne donne lieu à aucune contestation. Ainsi le roi du Cid de Corneille joue-t-il les arbitres bienveillants dans la querelle de cœur et d’honneur qui oppose Chimène à Rodrigue et recueille-t-il la considération de ses sujets. De même, le roi qui est cité dans Tartuffe de Molière fait preuve d’indulgence envers Orgon malgré la complicité de ce dernier avec un frondeur et le souverain contribue à démasquer le cupide et hypocrite Tartuffe. « Je veux me faire