Resto
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur. I). Poème sur le mode de l’énigme. 1). Deux quatrains : évocation d’un état physique et psychologique paradoxale. Les vers 1, 2,3, et 8 montrent l’état physique du « je ». Cette description est faite d’antithèse : « Je vis, je meurs », « chaud extrême … froidure », « trop molle ... trop dure ».
Néanmoins, ces sensations physiques opposées sont simultanées.
Les vers 4, 6 et 7 montrent l’état psychologique du « je ». L’état psychologique est lui aussi décrit sur le mode de l’antithèse : « ennuie » opposé à « joie » au vers 4.
Le vers 5 mêle les deux sentiments : l’état psychologique est décrit par l’intermédiaire de l’état physique.
On notera qu’aux vers 1 et 3, il y a un rythme saccadé et vers 2 et 4 un rythme plus ample : ce rythme accentue les paradoxes.
Dans ces deux quatrains, les paradoxes montrent que le « je » perd tout