Retour a reims
Principalement intéressé jusqu'alors aux mécanismes de domination liés à l'identité sexuelle, Eribon, dont les écrits se rangeaient plutôt dans les «gender studies», introduit la problématique sociale pour construire une théorie de l'assujettissement et de la résistance.
Analyse de la rupture tant intellectuelle qu'affective de l'auteur avec le milieu ouvrier dont il est issu, ce livre se joue des classifications, tout à la fois autobiographie, étude sociologique, rétrospective historique, essai politique.
Le décès de son père avec lequel il n'avait plus aucun contact ne lui inspire pas de chagrin mais du désarroi. C'est alors l'occasion de revenir dans sa ville natale et de s'y confronter à son milieu. C'est à partir de vieilles photos retrouvées chez sa mère qu'il revoit son ascension sociale et pose une réflexion sur la famille et la classe qui furent les siennes. Rejaillit alors la mémoire enfouie, déniée, de l'enfant honteux de grandir en HLM, frère d'un apprenti boucher, fils d'ouvrier d'usine et de femme de ménage que la guerre empêcha d'entrer en 6ème, dont les mots disent la réalité d'un monde dominé.
Décryptage d'un système scolaire dont il se considère comme miraculé, déchiffrage du mode de vie et de pensée du monde ouvrier à travers l'histoire des membres de sa famille, mise à nu d'une division sociale injuste, d'un système démocratique mais néanmoins violemment inégalitaire.
Retour vers les siens pour comprendre la violence sociale qui impose le consentement à l'ordre des choses.
Le récit est ponctué de détails jamais insignifiants, par exemple sur ses études dans un lycée de garçons essentiellement fréquenté par les fils de la bourgeoisie locale, ses goûts musicaux (la chanson de