Retraites
Christian BIALÈS
Introduction
En juin 2003 la France est confrontée à une crise sociale d'une ampleur comparable à celle de 1995. Dans les deux cas, le projet gouvernemental de réforme des retraites est la cause centrale des protestations. Depuis déjà de longues années s'accumulent les rapports sur notre système de retraite et à plusieurs reprises des mesures ont été prises pour le faire évoluer (notamment en 1987 et en 1993 pour le régime général, entre
1993 et 2001 pour les régimes complémentaires et en 1999 avec l'institution d'un "fonds de réserve des retraites"). Il n'empêche que tout se passe comme si notre pays a du mal à prendre réellement conscience du problème que pose à son système de retraite le vieillissement de la population. Ce phénomène, tout à fait général en Europe, entraînera d'ici quelques années seulement un profond déséquilibre entre le nombre d'actifs et le nombre d'inactifs, essentiellement parce que les personnes du baby boom vont arriver à l'âge de la retraite, que les jeunes générations sont moins nombreuses et que l'espérance de vie croît en ce moment d'un trimestre par an. Il est donc indubitable que notre système de retraite va être perturbé par ce choc démographique. Et il est compréhensible que la question des retraites soulève de nombreuses questions empreintes d’inquiétude : il faut donc pour y répondre une analyse la plus lucide possible. Il convient, sans tomber dans le piège de la polémique, d’éviter en particulier les six hypocrisies que dénonce le Professeur
Olivier Pastré (in Espérances et menaces : retraites et solidarité. Descartes & Cie. Avril 2003). « De qui se moque-t-on quand le patronat fait semblant de croire que le financement des retraites est possible sans modification de la répartition entre capital et travail des fruits de la croissance ? (…) De qui se moque-t-on quand le gouvernement limite son projet de réforme à l’horizon 2020 ? (…) De qui se moque-t-on quand les syndicats et une partie de