Rimbaud, bal des pendus
Ce poème a une origine scolaire et reprend un devoir de français donné par son jeune professeur Izambard dans lequel il s'agissait d'écrire au nom Charles d'Orléans une lettre au roi Louis XI pour obtenir la grâce du bandit et poète Villon menacé de la potence. Dans cette lettre Rimbaud prenant la défense des déshérités mais aussi des poètes, nous présente Villon comme un "bon folastre" et s'en prend aux juges, les terribles oiseaux noirs. Rimbaud dans "le bal des pendus" reprend le thème de cette justice cruelle et inverse les rôles, les pendus sont ici les paladins, des chevaliers des temps modernes, qui défendent les causes justes. Il est composé de 9 quatrains d'alexandrins en symétrie autour du quatrain 5 et de deux quatrains identiques d'octosyllabes qui commencent et achèvent le poème (incipit et clausule) à l'exemple "d'Ophélie" et de "Première soirée", lui donnant une structure circulaire de boucle. Le titre donne le ton, c'est un bal, une fête joyeuse dans laquelle ceux qui défendent une juste cause vont à leur tour danser au bout d'un gibet. Rimbaud, à cette époque, n'a que 16 ans (né en 1854), il vit misérablement et a déjà connu la prison à Mazas pour avoir voyagé sans billet, il n'en a que plus de haine contre la justice. Rimbaud reprend pour le plagier, la ballade des pendus du parnassien Banville et celle du bandit François Villon, condamné à la pendaison. Si la ballade des pendus de François Villon est une complainte de mourants à l'adresse des bien-vivants, le bal des pendus de Rimbaud est un poème de joie sarcastique envers les représentants et défenseurs de l'ordre établi, les palatins, livrés ici au diable Belzebuth derrière lequel se cache évidemment notre poète.
Un plagiat déstructuré d'une ballade médiévale
Rimbaud ne fut certes pas le premier adolescent à se réfugier avec ses colères et ses espérances dans le mirage ambigu des vers et des quatrains. Nous sommes confrontés dès le titre à sa volonté adolescente de