Rimbaud et sa correspondance
Le recueil Demeny est en ensemble de vingt-deux poèmes divisés en deux cahiers. Écrits en 1870 et recopiés à Douai par Arthur Rimbaud, alors en fugue, ils sont considérés comme les premiers écrits poétiques de ce poète énigmatique. Les trois lettres que nous allons étudier ont été écrites par Rimbaud, la première à Théodore de Banville et les deux autres à Georges Izambard. Théodore de Banville était un poète parnassien à qui Rimbaud envoya des poèmes dans l’espoir d’obtenir son appui auprès de l’éditeur Lemerre. Georges Izambard était un des professeurs de Rimbaud à Charleville avec qui il noua des liens d’amitié et qui l’hébergea chez lui, à Douai, durant sa fugue, à l’époque ou Rimbaud recopia ses poèmes.
I) Les 22 poèmes du recueil Demeny ainsi que les trois lettres ont été écrites alors que Rimbaud était âgé de seulement 16 ans. Quels sont les centres d’intérêt dominants de Rimbaud à cette époque de sa vie ? Nous verrons que Rimbaud développe un intérêt particulier pour les voyages, la poésie et l’actualité politique. Tout d’abord, Rimbaud développe un goût prononcé pour les voyages et l’aventure dès son adolescence. Ceci est sans doute dû à sa répugnance pour sa ville natale, Charleville, qu’il exprime notamment dans sa lettre à Izambard du 25 août 1870 : « Ma ville natale est supérieurement idiote ». Il se sent pris au piège « on est exilé dans sa patrie !!!! », lui qui rêve de « promenades infinies (…) des voyages, des aventures, des bohémienneries ». Cet idéal semble l’attirer puisqu’il dresse à plusieurs reprises, dans « Sensations », « Ma Bohème. (Fantaisie) » un portrait de lui-même en bohémien. Il veut « adorer la liberté libre » (lettre à Izambard du 2 novembre 1870 ». Il projette donc des voyages, comme nous le montre son post scriptum « à bientôt, des révélations sur la vie que je vais mener après… les vacances… ». Il a d’ailleurs déjà fugué et veux