Rimbaud
Rimbaud était un esprit révolutionnaire, prêt à renverser toutes les valeurs qu’elles soient poétiques, morales, religieuses ou politiques.
Evidemment qu’il n’innove pas absolument, il subit lui-même des influences, et notamment celle de Baudelaire. Mais, le renouvellement qu’il apporte à la poésie est prépondérant : le caractère impérieux des formules, la qualité des réalisations en témoignent, ainsi que leurs profondes répercussions : de nombreux poètes vont, en effet, se réclamer de Rimbaud
En 1871, Rimbaud rompt avec ce qu’il nomme la vieillerie poétique, passant en revue les poètes qui l’ont précédé, il les juge d’après le seul critère qui importe à ses yeux : « Ont-ils été voyants? » . Pour Rimbaud, le poète doit rechercher du nouveau et arriver à l’inconnu.
La recherche de Rimbaud n’est pas une contemplation : trop opposée à la morale et à la religion, trop inscrite dans une démarche de rébellion. En revanche, elle est bel et bien « mystique » en ce sens qu’elle dépasse largement la perspective littéraire seule et qu’elle est une quête d’absolu. Par une sorte d’ascèse inversée, puisqu’il se livre entièrement à ses sens au lieu de les tenir en bride, le poète-voyant « devient le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, – et le suprême savant ! – Car il est arrivé à l’inconnu. » Hanté par le mystère des rapports entre le moi et le monde, il voudrait étreindre l’univers, comme il étreint l’Aube dans une de ses « Illuminations » et, par là, le recréer. Il rivalise avec Dieu, sans croire en lui, nouveau Prométhée, il tente de lui voler le feu.
Et si cette aventure doit être fatale au voyant peu importe. Rimbaud se soucie peu se son sort car « JE est un autre » : il distingue son être apparent de son moi profond qui sonde l’inconnu.
Rimbaud s’habitue à l’hallucination par un dérèglement systématique des sens. Si à l’époque de « Le Bateau Ivre » ses visions restent encore littéraires, au moins en partie, il les