Road movie
Au cinéma, le problème est le même. La plupart des films regorge de lieux entre lesquels le personnage a voyagé, pris l'avion treize heures, sa voiture une demi-heure, marché cinq minutes. Temps perdus, temps morts le plus souvent ignorés ou rendus à l'écran par deux ou trois plans de coupe. Le personnage n'a pas pour but de se déplacer mais d'être quelque part et d'y faire quelque chose. Il change de lieu parce que c'est le préalable à toute action : se rendre à l'endroit où celle-ci est possible.
Et pourtant... Un personnage se déplace. Il vient de quelque part. Il a, sinon un but ou une destination avoués, au moins une direction, une orientation. Il est en transit, entre deux actions, entre deux états émotionnels. Et voilà un film qui se déploie, un film qui croit à sa réception active par le spectateur. Filmer le déplacement, ce n’est pas filmer le vide. Et si ce mouvement, apparemment si simple, qui mène d’un point à un autre, suscite tant de modes de représentation à l’écran, c’est peut-être bien parce qu’il est tout sauf vide, et
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qu’il donne naissance à des films qui nourrissent le spectateur autant que celui-ci participe à leur univers.
L’envie de ce mémoire est en fait l’envie d’un chemin. Un chemin qui parte du spectateur et des films pour,