Robinson
Qui n’est alors venu se plonger dans l’atmosphère de la grande exposition coloniale ? Cette interrogation nous renvoie à la mémoire sélective, occultée, de l’histoire (coloniale) française. En effet, comment l’un des plus grands événements de ce siècle, ayant rassemblé plusieurs millions de Français et fait l’unanimité des contemporains, peut-il aujourd’hui tomber dans l’oubli ? Moment exceptionnel, car peu d’exemples, au cours du siècle, peuvent être donnés de cette « Union sacrée » de la nation française et être comparés à cet événement extraordinaire de ferveur cocardière capable de transcender les divisions politiques, économiques et sociales.
De l’Exposition universelle de 1900 à la première guerre mondiale (1914), de la Libération (1944) à la victoire des Bleus au Mondial de football (1998), autant d’événements et de lieux de mémoire constitutifs de la nation qui s’inscrivent dans notre histoire... Mais peu de lignes pour l’exposition coloniale malgré les trente-quatre millions de tickets vendus en six mois (1).
L’Exposition coloniale internationale et des pays d’outre-mer représente l’apogée de la propagande impériale en France (2). Elle s’inscrit dans la tradition française des présences coloniales aux expositions universelles ; pourtant elle se distingue par son gigantisme et se veut plus immense encore que l’exposition britannique de Wembley de 1924. Son commissaire général, le maréchal Lyautey, veut un projet monumental afin de transformer l’événement