Chimères d’hier et d’aujourd’hui En quoi la dénaturation au profit des fantasmes, attitude masculine presque banale, provoque cette fabuleuse entité aux aspects féminins? Pourquoi peut-on affirmer que le caractère hétérogène permet à l’entité de traverser les époques et sous quelle forme se présente-t-elle de nos jours? Nous allons nous attardez, dans un premier temps, sur de l’apparition de ce monstre dans une amorce mythologique. Après l’approche narrative, nous nous risquerons prudemment à l’interprétation, à l’aide d’un corpus élaboré à cet effet. Puis nous terminerons l’étude par un soupçon de modernité cristallisé par la science.

I) Au commencement était le monstre. 1) Lieu de naissance : La Grèce antique.

La théogonie d’Hésiode » nous apprend que Chimère, « créature terrifiante, immense, au pied rapide, et forte, dont l’haleine était une flamme impossible à éteindre » est née de l’union de Terre et de Flot (de Gaïa et Pontos). Elle est le dernier rejeton d’une chaîne d’unions contre nature. Celui de Phorcys, fils de Terre et de Flot, avec sa propre sœur Céto, a conduit à la naissance d’Échidna, une vipère au visage de belle jeune fille, au corps de serpent couvert de peau tavelée. Des amours d’Échidna et de Typhon (autre fils de Gaïa) est née Chimère, mais aussi Méduse, Orthos, le cruel Cerbère (le chien tricéphale d’Hadès), ainsi que l’Hydre de Lerne. Ces créatures ont en commun de sévir dans les zones de friches, là où les frontières s’estompent ; entre le monde sacré et le profane, entre la terre des hommes et le royaume des dieux, là où le domaine des vivants se mêle à celui des morts. Le monde de Chimère est celui de la confusion, de l’indétermination. À son nom sont associés un principe de passage, une loi de continuité.

2) Morphologie de la bête mythique :

Dans le livre VI de l’Iliade, pour la première fois, Homère fixe les traits de la Chimère: “ Lion par devant, dragon par derrière et chèvre par le milieu. ” Dans la théogonie d’Hésiode,