Dissertation Le romantisme s’incarne dans son héros, qui est avant tout un individu plutôt qu’un archétype. Madame De Staël, née en 1766, publie son premier grand livre en 1800, De la littérature dans ses rapports avec les institutions sociales, qui est aussi le premier livre important du nouveau siècle. Tributaire de Montesquieu, elle examine l’évolution de la littérature et de la pensée à travers les différents types de sociétés, de gouvernements, de religions. Le héros de la première vague du romantisme, celle où l'on cherchait avant tout la libération de l'art, est un homme sensible, auquel son destin échappe, et dont la société nie les aspirations. Selon Madame de Staël, « l’incomplet de la destinée » qui donne à l’homme conscience de ses limites, inspire un « sentiment douloureux ». Aussi distingue-t-elle de l’âme romantique « les esprits médiocres », ceux qui sont satisfaits de la vie commune, heureux sans pouvoir faire quelque chose de grand. Pour répondre aux besoins d’infini de l’homme romantique, celui-ci a besoin de dépasser la réalité, « d’échapper aux bornes », de rechercher un sublime qui l’élève au dessus de lui-même : le « sublime de l’esprit, des sentiments ou des actions ». Il veut agir sur le monde par « l’héroïsme de la morale », l’idée que l’homme romantique cherche un absolu dans la morale, une sorte de perfection morale qui l’arrache à la médiocrité des comportements humains, ou encore veut-il agir par « l’enthousiasme de l’éloquence » qui fait référence à l’écriture, au style. Ces deux expressions montrent donc que l’homme romantique se singularise à la fois comme personne, comme individu, et comme écrivain : il a un certain style de vie, et aussi un style dans l’écriture, dans la création. C’est ce qui le pousse à avoir « l’ambition de la gloire », qui lui donne « des jouissances surnaturelles » qui sont nécessaires aux « âmes à la fois exaltées et mélancoliques. ». Ces âmes expriment donc à la fois l’idée d’un enthousiasme,