Français - Commentaire

C’est un véritable tableau pictural que nous brosse le poète dès l’entrée du poème. L’auteur nous invite à nous projeter dans l’avenir de sa bien-aimée. Elle est donc maintenant « bien vieille », seule avec comme uniques éclairages la chandelle et la cheminée, pratiquant des tâches répétitives et ennuyeuses, comme précisé au vers 2 à l’aide de participes présents créant un rythme lent : « dévidant et filant ». Elle se présente comme au centre de ce tableau, alors que l’odeur de la fumée de la cheminée s’immisce à tout cela, créant une atmosphère pesante, voire sombre, éveillant malgré tout nos sens. La conjonction de subordination « Lors » introduit les premières actions du poème. Entendant le nom « Ronsard », les servantes entourant la vieille femme s’éveillent, l’idéalisant et idolâtrant, directement élevée au rang de déesse simplement car « Ronsard [la] célébrait du temps [qu’elle était] belle ». Le tableau prend donc une toute autre tournure, s’animant peu à peu et devenant un tableau vivant. Le poète semble d’abord se montrer indulgent avec la femme, s’imaginant déjà mort au moment qu’il décrit dans le poème. Or, il utilise plusieurs euphémismes, afin d’adoucir l’image de sa mort, se décrivant « sous la terre » et en train de « [prendre] son repos », alors qu’elle, n’est qu’une « vieille accroupie ». Il profite également à ce moment d’une célébrité immortelle, restant connu malgré son décès, ce qui apaise encore plus sa mort. Il semble donc que, selon sa comparaison entre lui et sa bien-aimée, que le poète soit plus heureux mort qu’elle vieille, soumise aux effets du temps.