Rorschach
Article de Mi-Kyung YI in "Dictionnaire du Corps", publié sous la direction de Michela Marzano, P.U.F.2007
HYSTÉRIE
L'hystérie, un « objet » impossible
Dès qu'il s'agit de l'hystérie, toute tentative classificatrice ou définitionnelle se heurte à une difficulté singulière et l'histoire de la médecine en fournit d'abondants témoignages. Maladie connue depuis l'Antiquité, l'hystérie reste encore aujourd'hui énigmatique et insaisissable. Ses manifestations sont innombrables, variées, protéiformes et caméléonesques : contractures musculaires, convulsions d'allure épileptique, paralysies, anesthésies. hyperesthésies, etc. La multiplicité des « masques somatiques » témoigne de sa plasticité et de son inventivité, l'hystérie « imitant » presque toutes les maladies qui touchent le corps humain. Elle peut pousser son talent mimétique jusqu'à redessiner l'anatomie à sa mesure, une sorte d'« anatomie imaginaire » faisant fi de l'ordre établi par le savoir médical. À cette « affection vaporeuse », certains manuels de psychiatrie donnent une réponse en miroir : puisque l'hystérie ne se laisse pas saisir par la logique de la nosographie médicale, elle est supprimée en tant que maladie spécifique (le terme d'hystérie disparaît de l'édition de 1952 du Mental Disorders Diagnostic Manual). Tout au plus subsisterait-elle sous ses formes morcelées et « démembrées », comme le syndrome de conversion ou celui des personnalités multiples. La tentative n'est pas nouvelle et, à dire vrai, elle accompagne toute l'histoire de l'hystérie. Charles Ernest Lasègue écrit en 1878 : « La définition de l'hystérie n'a jamais été donnée et ne le sera jamais. Les symptômes ne sont ni assez constants, ni assez conformes, ni assez égaux en durée et en intensité pour qu'un type même descriptif puisse les comprendre tous » (Lasègue, 1971). La suppression du mot «hystérie» est une manière radicale de rendre nul et non advenu le défi indéfinissable que l'hystérie représente pour le