Rousseau et la democratie
S’il y avait un peuple de Dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » Rousseau Du contrat social III, chapitre 4, De la démocratie La démocratie (dèmokratia, en grec) est le pouvoir du peuple (dèmos, le peuple et kratos, le pouvoir). Par oppositon à l’arkhè, qui renvoie plutôt au commandement (monarkhia, pouvoir personnel détenu par une ancienneté avérée), le kratos désigne la souveraineté. Par opposition à la turannis-monarkhia, caractérisée par le pouvoir personnel, la démocratie, pouvoir du peuple, repose sur les deux concepts d’eunomia (ordre juste) et isonomia (ordre égal). Solon, Clisthène, puis Périclès ont mis en place les institutions de la démocratie (à Athènes au 7-6 ième siècle avant J.C.), autrement dit le pouvoir du peuple conçu comme une entité politique et juridique structurée. Les deux idées de « partage de l’égalité citoyenne » et de « souveraineté du corps public » sont donc consubstantielles de la démocratie, et originelles. Elles restent pleinement pertinentes lorsque Rousseau, qui n’ignore rien évidemment de la genèse des institutions démocratiques athéniennes, écrit Du Contrat social. Une lecture rapide de ce texte datant de 1762 pourrait laisser imaginer que la défense de la démocratie définit le projet de Rousseau. Par le « contrat social » tel que le conçoit Rousseau, en effet, des hommes s’associent pour mettre en place des institutions et des lois qui permettent au peuple – « constitué » à partir de cette décision- de se gouverner lui-même, d’être désormais pour lui-même son propre maître. On est donc très étonné de lire cette citation, (« S’il y avait un peuple de Dieux etc.. »), en tout cas dans la mesure où elle est séparée de son contexte. Car cette formule est la conclusion du chapitre De la démocratie (Livre III, chapitre 4 Du contrat social) dans lequel Rousseau explique quelles réserves l’on peut formuler à l’égard