rousseau
Cette formule de Rousseau, que l’on peut lire dans l’Emile, aborde la question de la conscience dans sa dimension morale. En effet, sicomme nous l’avons montré dans l’analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie au sens premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les expressions que nousvenons d’évoquer montrent qu’elle apparaît comme ce sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.
Tel est le sens de la formule de Rousseau puisqu’il la qualifie de « jugeinfaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait. Il suffit alors d’écouter « la voix de sa conscience » pour savoir qu’on a mal agi, ou, pour bienjuger, de juger « en son âme et conscience ». Si on peut alors définir l’homme par la conscience, c’est donc aussi en tant qu’être moral ou, en tout cas, en tant qu’être pour qui la question morale sepose. Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n’est pas sans poser problème. En effet, n’est-il pas possible de faire le mal en toute bonne conscience ?
Comment dans ces conditionsRousseau peut-il soutenir l’infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu’un sentiment anime le coeur des hommes et caractérise l’humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de lasouffrance de l’autre. Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l’histoire nous montrent que ce sentiment n’est pas toujours présent chez les hommes. En effet, si on affirme quel’homme est animé par ce sentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruauté dont les hommes peuvent être capables ?