Ryman, rothko, soulages : monochromes
Introduction
3 oeuvres. Il ne s’agit pas de déambuler en aveugle, d’ouvrir les yeux face à la matière mise en forme, de répéter l’opération par trois fois et puis de réfléchir un peu. Choisir trois oeuvres parmi les centaines que compte le centre Pompidou représente la réflexion originaire de ce dossier.
Pourquoi 3 aplats “monochromes” ou presque ?
Parce que ce que le monochrome donne à voir nie tout ce que le concept d’art a pu traditionnellement contenir. Le monochrome n’est pas une imitation, une représentation, un système signifiant. Face à un Malevitch ou un Klein, se perd la frontière entre plastique et physique, entre art et technique. Entre plastique et physique en tant que le signifiant est pure matière. Entre art et technique dans la mesure où otés de leur cadre, soustraits à la toile, les monochromes ne semblent être rien de plus qu’une application méthodique de peinture à la façon des industriels ou des artisans. Avec la texture, la composition et le dessin, la couleur est l’un des éléments formels du tableau. Sommes-nous face à un seul signifiant ? Il est en effet difficile d’appliquer aux monochromes la méthodologie de Panofsky tant la signification factuelle et le sujet conventionnel de l’image sont indissociables : la matière peinture renvoyant à la fois l’oeil et l’esprit à la couleur. Ne peut on s’en tenir qu’à la signification intrinsèque, celle qui fait de l’oeuvre la représentation de principes spécifiques à une époque, à une pensée, à une culture ? Comment le monochrome peut-il se défaire de la simple démonstration physique de la couleur, de la matière peinture ?
Rothko, Soulages, Ryman. 3 artistes usant de l’aplat, de la monochromie ou quasi-monochromie. La complexité de la quête dans la simplicité de la forme. Si ces oeuvres provoquent des expériences sensibles bien différentes, je vais partir du principes que c’est parce que ce qu’elles tendent à exprimer est différent. Il y a 3 “vouloir dire” qui