révolution industrielle
Durant les deux derniers siècles, se sont déroulés les bouleversements les plus profonds et les plus rapides de l'histoire. Ils ont donné naissance à la société capitaliste, et à notre monde actuel. Nous exposerons tout d'abord le point de départ de ces bouleversements, c'est-à-dire les sociétés antérieures, puis les enchaînements de la révolution industrielle.
I) LES SOCIETES AGRAIRES
On a coutume de désigner ainsi les sociétés antérieures à la révolution industrielle, c'est-à-dire l'histoire tout entière à l'exception des deux derniers siècles. Ce découpage réducteur ne satisfait ni l'économiste, ni l'historien. Nous l'admettrons cependant, car notre propos n'est pas ici de décrire ces époques, mais d'y chercher, par contrepoint, les caractéristiques originales de la période qui nous occupe.
S1) L'agriculture est l'activité dominante
L'Europe occidentale, où va naître l'industrie, compte au XVIIIème environ 80 % de ruraux, l'agriculture fournit entre la moitié et les trois quarts du produit national. L'essentiel des productions artisanales — outils, vaisselle, meubles, vêtements — est le fait des paysans eux-mêmes qui occupent ainsi leurs soirées d'hiver. Les activités non agricoles demeurent pour l'essentiel rurales : spécialisation de tel paysan dans un outil plus perfectionné qu'il mettra en vente, ou travail à domicile au compte d'un marchand-fabricant (on parle de domestic-system (1)), qui vend la matière première et écoule le produit fini.
Le grand domaine féodal est né dans l'insécurité qui suit la décomposition de l'Empire Romain, le seigneur, homme d'armes, assurait la protection des paysans qui, en échange, devaient travail et obéissance, l'autarcie était alors imposée par les circonstances. A l'est de l'Europe, le partage se faisant sur l'Elbe, le domaine demeure une exploitation de grande taille, dont les propriétaires — Couronne, Clergé,