Saint-Denys Garneau
Dans un premier temps, le regard et le jeu sont particulièrement représentatifs de la démarche de Saint-Denys Garneau en raison de la perpétuelle glorification de la liberté par le regard dans le recueil Regards et jeux dans l’espace. D’abord, dans le poème « Nous ne sommes pas », nous pouvons constater l’importance qu’a le regard pour l’auteur : « Tout le monde peut voir une piastre en papier vert, mais qui peut voir au travers si ce n’est qu’un enfant ». Le précédent extrait n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres vers où Garneau appelle les gens à regarder autrement. Pour lui, l’enfant est symbole de pureté du regard, il voit plus loin que ce qui est concret et tangible. À travers l’argent, il voit « des milliers de jouets merveilleux ». Saint-Denys Garneau veut du monde qu’on ait une vision libre des choses. Qu’à travers un dollar, on ne voit pas la valeur de l’argent, mais qu’avec notre regard créateur, on y voit des trésors avec lesquels on peut jouer. Avoir un regard libre est tellement indispensable à sa démarche qu’il justifie sa décision de ne plus écrire ainsi : « J’ai tué toute ma réalité par ma cupidité[,] je n’ai plus aucun appui sur toutes les petites choses du jour où les yeux peuvent se reposer simplement. Voir m’est un supplice, c’est comme une hébétude. Parce que je ne vois rien.» En somme, Garneau ne peut plus voir, donc écrire, parce qu’il voit le monde comme on lui dit qu’il est, comme il devrait être, à la place de se l’imaginer et de