Sans moi mon cerveau peut il penser ?
Quel pourrait être ce moi distinct du cerveau quoique inséparable de lui ? Faut-il penser une âme distincte du corps, entraînant de graves difficultés d’union de cette nouvelle substance avec la substance corporelle, ou bien faut-il poser autrement la question de ce qui permet l’émergence d’un sujet conscient, parlant et voulant, ou simplement désirant ?
C’est donc la question du sujet qui se pose. Si je suis sujet, comment se fait-il que je ne sache pas clairement en quoi consiste cet être sujet que pourtant je suis ? Cette confusion du sujet par rapport à soi-même est-elle un accident, une faute d’inattention, un manque de connaissance auquel la science devra un jour pallier, ou bien est-ce une situation nécessaire, liée à la singularité de l’être sujet, entraînant qu’on ne puisse être sujet sans être en un certain sens énigmatique pour soi-même, ce qui ferait alors de la singularité un élément constitutif de l’être sujet ?
Quiconque comprend cette question fait l’expérience aussi de dire « je » et de se penser comme un « moi », à la première personne du singulier. Mais est-ce moi qui a un « moi » ou est-ce mon cerveau ? Est-ce le cerveau qui a un moi, et qui avec ce moi se pense lui-même ainsi que le monde, ou est-ce moi qui pense par et avec mon cerveau ? La question peut sembler vainement subtile et abstraite, mais elle cherche à faire clarté sur la question du sujet qui pense : Qui pense ? Mon cerveau ? Moi ? Quel pourrait