Sarraute
Depuis les origines antiques du roman en passant par le roman médiéval et jusqu'au roman moderne, le genre romanesque a connu plusieurs transformations et été l'objet de mille oppositions littéraires. Tous ne s'accordaient pas et ne s'accordent toujours pas sur ce que doit être un roman, s'il est un simple « ouvrage d'imagination » ou si c'est une œuvre aussi sérieuse qu'un essai de philosophie. De sorte que des auteurs comme Joris-Karl Huysmans ont marqué une certaine distance avec les règles littéraires établies à leur siècle, puis que des groupes entiers de romanciers ont fait valoir une vision du roman. À l'exemple des « néoromanciers » du XXème siècle, et de Nathalie Sarraute qui, s'étant elle-même rangée en juillet 1971 sous la bannière du Nouveau Roman, écrit : « La réalité, pour le romancier, c'est l'inconnu, l'invisible. C'est ce qu'il lui semble être le premier, le seul à voir; ce qui ne se laisse pas exprimer par les formes connues et déjà utilisées. Mais ce qui exige pour se révéler un nouveau mode d'expression, de nouvelles formes. ».
Par là, il faut s'interroger sur la vision du roman que Nathalie Sarraute veut promouvoir. Et à travers elle, que refuse le Nouveau Roman dans la tradition ? Avec quels traits de l'exercice ne sont-ils plus en accord ?
Ici, c'est bien avec l'école traditionnelle des XVIII et XIXème siècle que la rupture s'opère. C'est d'abord le rejet de cette tradition qu'il faudra comprendre, celui des codes et des attentes des deux siècles qui la précèdent; ce que Sarraute appelle « les formes connues et déjà utilisées ». Il s'agira pour continuer d'assimiler ce qu'est « [ce] nouveau mode d'expression, [ces] nouvelles formes ». Concevoir que la place du personnage et de l'intrigue est bouleversée dans le Nouveau Roman, que l'écriture est désormais sa propre fin. Autrement dit que l'on nie devoir l'utiliser au service d'un sens. Il faudra terminer par s'expliquer les notions d'inconnu et